Calembredaines à la Trientale

Nous sommes au bord de la mardelle, joli plan d’eau où se reflète un ciel bien bleu valorisé par un semblant de cumulus. Christine et Serge nous font remarquer que c’est le milieu rêvé pour les zygoptères. Eric me souffle : mare à zygoptères donc zygo-mare…
Les compétences mycologiques d’Alain, notre guide du jour, ne seront pas prises en défaut. Et ce qui ne gâche rien, il n’est pas en reste côté jeux de mots. Devant une russule noircissante : -T'as voulu un noir, j'te donne un noir. Je n'suis sparassis ! Et au verre de débriefing, Gene, impatiente : - Il faudrait appeler le garçon… Alain : -Ben Leffe toi !
- A l'explication de Gabriel sur l'utilisation en tisane des feuilles de bouillon blanc pour leurs vertus expectorantes ou pour remplacer le tabac, cigare de fortune qui les faisait tousser. Eric ajoute : "ils faisaient d'une pierre deux toux." - Léon, sous la pluie drue de la remontée vers Bérismenil : "A la Trientale, on sort goutte que goutte." Eric et Gene
Il commence à bruiner. Mady et Eliane sortent leur nouvelle cape, identiquement les mêmes, qu’elles inaugurent donc fièrement. Avec plus ou moins de dextérité sinon de difficulté, elles s’y engouffrent et les voilà bien abritées de la pluie qui redouble. Mais dans sa minuscule pochette de rangement, la cape était un peu à l’étroit et les plis sont bien marqués : ce qui, déplié, donne un magnifique damier. Je ne peux m’empêcher de lancer : - Tiens, on pourrait jouer aux dames… Je n’ose pas dire que j’avais la même cape et qu’on a dû m’aider à l’enfiler !
Michel a bien dépoussiéré la calèche aux couleurs éclatantes. Liliane trône fièrement sur la banquette. Lilas, la jument, patiente dans les brancards. A ses côtés, Caballos, son jeune poulain. Liliane constate : ce sera une balade en deux chevaux…
Pique-nique terminé, la grimpette au Mont des Pins vers le kiosque et le point de vue sur Bomal s’annonce ardue. Soucieux de ne pas retarder le groupe, Jean ne s’attarde pas à l’identification de la laitue vireuse, prend allègrement un peu d’avance, bien secondé par deux ou trois autres participants. La montée par la route est sévère mais un petit sentier forestier sur la droite qu’il aurait fallu prendre est encore plus dissuasif. Pourtant, c’est par ce sentier que Freddy nous emmène. Il faut donc rappeler les échappés. La mine de Jean qui se croyait presque arrivé… Il lui faut redescendre pour mieux remonter. Et Ghislain en rajoute : C’est un coup monté pour te descendre !
Sur une feuille de hêtre, un amas gélatineux de globules vert clair presque translucides, ponctué de points rouges. Ponte de punaise : on s’extasie. Appareils photos et loupes sont réquisitionnés pour cette merveille posée sur la main de Gisèle. - Tout le monde demande ta main, Gisèle, dis-je. Gisèle, feignant une pointe de dépit : - Tout le monde, sauf Jean-François... Au loin, tout au bout du chemin forestier, on distingue des formes imprécises, en mouvement. Eliane : C’est un attelage. Secouru par mes jumelles, je découvre que ce sont de gracieuses cavalières… Je rectifie fièrement : Non, des juments… Jean-François : T’es fort ! A cette distance… Gisèle : Facile, elles cavalent !
Balade mycologique. Malgré la sécheresse de la saison, nous dénicherons un nombre appréciable d’espèces. Pendant que l’on profite du soleil matinal et du paysage, Françoise nous met en garde contre les risques d’une consommation irréfléchie des champignons des bois. Puis, à partir d’une clé simplifiée, elle s’évertue à nous inculquer une méthode d’identification. Là, il faut bien passer par des termes techniques appropriés qui, même s’ils paraissent élémentaires, constituent pour ceux qui prennent note une solide gymnastique orthographique. Mycorhize, saprophyte, aphyllophorale, hypholome, psathyrelle… sans compter les exemplaires qui n’ont pas de nom vernaculaires. Et Françoise, faisant mine de s’excuser : - Là on arrive dans des termes dignes du scrabble ! Et à propos d’un Hébélome croûte de pain (Hebeloma crustuliniforme, Françoise s’empresse de préciser : - Croûte de pain, oui mais un vrai pain, pas celui d’un Point chaud. Le « Courtecuisse » précise à odeur raphanoïde. Vérification : on hume. Verdict : c’est bien une odeur de rave. Mais Nicole rectifie : - Un bel homme qui sent le navet en quelque sorte, dit Nicole. On identifie un bolet qui bleuit d’une manière spectaculaire, presque effrayante. Françoise précise : - Le bleuissement n’est pas un critère de non-comestibilité mais comme ce phénomène fait peur aux mycophages non-initiés et qui donc les négligent, on peut dire que ce sont les champignons des mycologues qui se lèvent tard…
- On s’attarde en sous-bois, à l’ombre. Un envol furtif, des cris d’alerte. C’est un troglodyte, lance quelqu’un. Gene rectifie : pas dut tout ; c’est trop gros pour être troglo ! - Impertinents sous les épicéas, deux beaux spécimens d’agaric. On se penche, on analyse, on feuillette les guides. Gene constate : jaunissants et odeur d’encre ! Je ne puis m’empêcher : encre de Chine, donc… Plus sérieusement, il s’agissait d’Agaricus praeclaresquamosus. - Une feuille de fusain enroulée a retenu l’attention d’Eric, spécialiste es galles. Avec force détails, il identifie Eryophies convolvens. Tony conclut : Encore un qui se les roule…
Il fait chaud. A la suite de Gilbert, notre guide du jour, nous montons le chemin des pèlerins qui de Moresnet-Chapelle conduit vers Aix-la-Chapelle. On transpire, on fait mine de s’intéresser au moindre champignon qui se pointe, ce qui permet de souffler un brin. Un carrefour, une question, réponse du guide, on récupère juste à côté d’un petit dépôt d’immondices clandestin sur lequel trône une chambre à air de VTT qui a rendu l’âme. Eric, réprimant un bâillement : J’ai un coup de pompe… Belle association d’idées !
Balade géologique sous la conduite d’Henri Wégria. Une belle grappe de coraux fossilisés illustrés par les commentaires judicieux de notre guide. Parodiant la chanson de Pierre Bachelet, Jean murmure : Au nord, y avait les coraux…
Nous visitons le château d’Erpigny, ou du moins l’extérieur et les abords. La propriétaire, une brave dame d’un âge respectable, nous distille moult explications sur les origines et l’histoire de l’édifice situé sur l’ancien fief dit « des Oiseaux ». Emberlificotée dans les dates et les détails à propos de la restauration de la chapelle : - Il y a bien 30 ans maintenant parce que… ça fait longtemps que c’était déjà 25, dit-elle. Evidence… Toujours à propos de la chapelle du château. Curieusement, c’est Saint Joseph qui est fêté alors que la chapelle est dédiée à Marie. Notre conférencière improvisée à qui on demande la raison de cette inversion : - Je ne sais pas mais de toute façon ils étaient proches. Comme je me prénomme Gabriel, du nom de l’archange un peu concerné dans cette histoire, je ne puis m’empêcher de souffler : - Je pourrais vous expliquer !
Nous écoutons très attentivement le conférencier Bernard qui jongle allègrement avec les graphiques et les formules chimiques pour nous persuader que notre atmosphère est menacée. Prévenant, il s’inquiète tout de même régulièrement de la résistance de notre attention. - Si je suis trop long, dites-le. Ou encore : - Je passe pour faire plus court. Pour finir par : - Si vous vous endormez, vous criez !!!
Nous sommes au bord d’une mare. Denis explique dans les détails les aménagements effectués dans le cadre du Projet LIFE Plateau des Tailles. Puis, on observe la vie à la surface de l’eau. Une kyrielle de Sympetrum danae, dont une des caractéristiques est la ponte en tandem, s’active à la pérennité de l’espèce. Denis, très doctoral, nous définit ce ballet : un chœur copulatoire. Jacques Duchesne susurre : Il faudrait peut-être mettre le carré blanc ! Midi et même plus. On pique-nique au frais, pense-t-on, à l’ombre de quelques pins qui ont emmagasiné la chaleur. Le calme de la fagne du Grand Passage, la fatigue de la progression entre les touradons de molinie et voilà que la sieste en tourmente plus d’un. Bien adossé à un tronc, jambes allongées, notre guide DNF, Jacques Duchesne n’échappera pas à la photo. Malicieux, il me suggère la légende du cliché : « Du chêne » parmi les pins.
Notre guide du jour, Elisabeth, nous détaille le paysage fagnard que l’on aborde par le Ru de Targnon. Pour nous démontrer son évolution, elle explique l’espace qui s’ouvre devant nous, nous fait imaginer le site avant l’intervention du LIFE et pour finir exhibe la carte Ferraris de l’endroit. Elle commente tout ce qui y était déjà représenté il y a près de 250 ans. Ghislain murmure : On ne voit pas l’autoroute !
Sous la conduite du guide Serge Rouxhet, on va de prairie naturelle en lisière et sous-bois de forêt restée vierge d’intervention humaine depuis 150 ans. On prospecte la botanique qui ne manque pas de variété. On progresse en file indienne. Le guide nous prévient : Attention à la platanthère, évitez de marcher dessus. Je ne puis m’empêcher d’ajouter : Elle se retrouverait plate… en… terre !
Nous sommes à la réserve de l’Amblève. Les criquets s’enfuient sous nos pas dans l’herbe haute. Raphaël, notre guide, les identifie, en précise même le sexe. Criquet ensanglanté femelle, criquet des clairières femelle. Toujours des femelles ! Ah ! Voici un mâle. Michèle se faufile dans le groupe : Où ça ? Je peux voir. Trop tard, répond Raphäel, il est parti. Je souffle : Encore un… mal parti !
Bernard explique les vicissitudes du 551e bataillon perdu à Rochelinval en 44. Rochelinval, dans un creux sur le versant qui nous fait face. Plus proche, une vaste prairie où paissent quelques vaches Limousines contrastant avec les Salers du pré voisin. Joli tableau de couleurs bovines. Quelqu’un risque : - Tiens, le croisement Salers-Limousine, qu’est-ce que cela donnerait ? - Un Break, lance Nicole, l’épouse de notre guide du jour. On reprend la route ou plutôt un chemin en forte montée où l’on se faufile dans une végétation pas toujours accueillante. Le passage se rétrécit, le chemin devient sentier, un sentier raviné les eaux de pluie qui creusent une rigole étroite et profonde rendant la progression cahotante. On progresse en file indienne, à allure déhanchée, un pied dans la rigole, un autre sur le rebord tantôt à gauche, tantôt à droite. - C’est ce qu’on appelle un chemin creux, dit Ghislain.
Un petit groupe à l’arrêt. J’arrive juste pour assister à la fuite d’un coléoptère qui ne nous a accordé qu’une entrevue fugace. Et dans les hautes herbes, il disparaît définitivement sans laisser plus de précision sur son identité. C’est quoi, me demande-t-on. Je ne puis que risquer : un Carabidae car je suis arrivé trop tard. Luc ne manque pas : C’est donc un carabidae d’Offenbach.
On se réhydrate au chalet à Logbiermé. On devise gentiment de choses et d’autres, notamment sur la vanité de la célébrité, souvent vite estompée après la mort ? Je raconte qu’ainsi à Lourmarin sur le mur du cimetière, on signale : Ici est enterré Albert Camus, prix Nobel de littérature en 1957. Après avoir déambulé de longues minutes dans les allées, je découvre enfin un petit bout de terre couverte d’une végétation herbeuse luxuriante, orties, laiterons et autres benoîtes. Une croix de bois pourrissant plus que discrète et une minuscule plaquette d’identification. (A moins que depuis les choses aient changé !). Bernard : C’est normal il avait la Peste… J’ajoute : A moins que ce ne fût un Etranger !
Carex laevigata : il obsède Gisèle depuis le matin, persuadée qu’elle est de le dénicher puisque sa présence est mentionnée dans les inventaires de la botanique du coin. Quelques-uns ont traversé le Noir Ru dans des envolées assez scabreuses. Puis ils ont pataugé dans l’eau boueuse de la fagne. Peine perdue. Gisèle conclut : encore un coup dans l’eau…
la balade en fagnes de Nazieufa et Robiéfa, sous la conduite de Denis Parkinson, se termine sous la pluie qui ne nous a pas quittés de toute la journée. On a pataugé dans la boue et l’herbe mouillée. Il faut se déchausser et enlever les bottes n’est pas toujours une sinécure. Jean s’assied sur le pare-chocs arrière de la voiture et tend sa jambe gauche vers Anne qui, accroupie à la limite du déséquilibre, s’évertue à tirer de toutes ses forces sur la botte récalcitrante. Peine perdue. Elle redouble d’effort. Juste derrière elle, une jolie flaque attend… La botte cède et Anne… se récupère, chanceusement ! Je ne puis m’empêcher de lui faire remarquer le danger auquel elle vient d’échapper. - Aucun risque, rétorque-t-elle sereine ; le tire-botte, c’est comme un bouchon de champagne, on sent quand ça part !
Journée de gestion. La matinée fut… studieuse : fauchage, curage des drains… Le nombre des participants a singulièrement raccourci les prévisions du temps de travail. Dès midi, on s’agite donc au barbecue installé près du pont de chayes. Malgré un soleil particulièrement ardent, le feu est, comme toujours, récalcitrant. Ça fume tous azimuts mais que de la fumée ! Guy se prosterne gonfle ses joues au ras de ce qui devrait devenir un brasier et vas-y que je te souffle. Noah (jeune filleul de Christine) en fait de même. Yves lance : on dirait le fumage des « gens bons » d’Ardenne !
Notre guide, Didier, nous parle des fauvettes, et notamment la babillarde dont il explique l’itinéraire migratoire vers l’est, vers la Turquie contrairement à nos autres passereaux. Fauvette babillarde dont il a déjà observé la présence dans les environs de la gare centrale à Bruxelles. - Normal, dis-je ; elle avait sans doute raté le train de la migration. Balade où il a donc été question d’ornithologie, ornithologue et… un « ornithophage », dit Ghislain, c’est quelqu’un qui aime les oiseaux-sans-tête ! Nous arrivons à Soiron au bord du ruisseau le Bola dont le nom serait à mettre en rapport avec une ancienne soupe liégeoise. S’appuyant sur un schéma expressif, Didier notre guide en profite pour expliquer le principe du puits artésien. Pourquoi artésien ? Cette technique fut mise au point il y a plusieurs siècles par des moines d’Artois, nous explique-t-il. Il faut forer jusqu’à une nappe phréatique coincée entre deux bancs imperméables pour en libérer la pression. Walter conclut judicieusement : voilà d’où vient la Stella Artois !
Nous sommes à Hébronval, sous la conduite de nos deux guides, Gene et Eric. Avec à l’ordre du jour, en plus des observations générales, un inventaire des galles rencontrées. Et là, est-ce le grand air, l’altitude de la montagne de Colanhan ou le ciel bleu ? Toujours est-il que les neurones se déchaînent ! 1er arrêt galle : on admire la compétence de nos guides. 2e arrêt. J’ose : C’est un ré…gal. 3e arrêt. Gilbert : C’est une gal…axie. On fait bien 10 m… sans le moindre nouveau spécimen. Walter : C’est la frin…gale. Arrêt suivant. Une galle jolie comme un cœur. Gilbert encore : C’est une galle à bru ! Puis il ajoute aussitôt, en guise d’excuse : Ça devient gal…amiteux ! Au pique-nique, contemplant ma boîte à tartines, je constate : C’est fru…gal ! Noyé par le déluge de termes scientifiques avec lesquels nos deux guides jonglent allègrement, on patauge un peu. Walter : C’est la gal…ère ! Eric, avec un petit air faussement offusqué : Le premier qui en rajoute, galle…à lui ! Willy, nullement impressionné : ça m’est é…gal !
Il fait froid. Et voilà la pluie. Un nuage encore plus noir, plus froid. Et c’est maintenant de la neige qui blanchit le sol. Fièrement, Luc nous signale : - Moi, j’ai mis mes pneus d’hiver ! Jean : - T’es devin, toi. Luc : - Non, plutôt de bière ! On patauge dans la fagne. Pluie, grésil, neige. De quoi ne pas abandonner les capes qui nous emmitouflent jusqu’au bout du nez. Quelqu’un lance une feinte. C’est bien connu qu’à la Trientale… Oui mais on n’entend guère les rires. Ce qui fait dire à Jean-Paul : - Vous riez sous cape ! Martine et Jean-Paul se démènent joliment contre les intempéries pour commenter notre itinéraire en Hautes Fagnes. La Vennbahn n’est pas loin. Jean-Paul en retrace l’historique, signalant que l’assiette de cette ancienne ligne de chemin de fer est aujourd’hui transformée en Ravel. Oui mais voilà, qui en est le propriétaire aujourd’hui ? Avis divergents. Et Raymond de rectifier : - C’est toujours la propriété d’Infrabel. J’abrège : - Cette assiette, on ne va pas en faire tout un plat !
Au salon d’accueil à l’hôtel où l’on s’est fixé rendez-vous pour le départ de l’activité du jour, un divan à 2 places… et demie. Eliane arrive et envisage de s’asseoir à côté de Luc et Maddy qui se resserrent gentiment. A l’aise dans un fauteuil en face, j’ose malicieusement : « Ça va coincer ! »… Et ça coince, en largeur ! Gene ne me rate pas : « Et toi si tu devais t’asseoir sur ta langue, seulement que ça coincerait ! »
- Balade ornithologique pendant laquelle Bruno nous révélera quelques secrets du comportement des oiseaux. Notamment que le mâle hirondelle revient le premier au printemps comme pour venir reprendre possession de son domaine. Il nous explique qu’un jour en ouvrant la porte de son garage, il a vu un mâle hirondelle s’y engouffrer et virevolter comme pour décourager les intrus. Dans le groupe, une voix lance : Et si quelqu’un passe, elle aboie ?… * A propos du Grand Corbeau, Bruno explique que son cri le fait penser aux Blancs Moussis qui lors de leur cortège émettent des sons rauques un peu semblables. Le Grand Corbeau : un Blanc Moussi en noir ! * Gene raconte comment dans son jardin elle laisse les pommes sur les arbres pour que les pies puissent s’en nourrir en hiver. Agnès s’offusque : Et pour toi, tu vas en acheter qui ont été traitées 17 fois… * Isabelle détaille une Grande Aigrette, l’œil vissé à la lunette. Robert s’avance et malicieusement colle l’objectif de son appareil photo à l’autre bout de la lunette. Tony ne peut s’empêcher : C’est ce qu’on appelle un examen du fond de l’œil !
Après la balade à la découverte des mégalithes, on se rassemble à la cafétéria du musée pour prendre le rafraîchissement traditionnel. A la carte, la Dolmenius, bière locale dont la dégustation s’impose. Quand la préposée au service arrive à moi, Luc me souffle : - Demande une Dolmenius mais un mégalitre…
Experts en mycologie, nos deux guides commencent la balade par un exposé détaillé des généralités incontournables que tout mycologue amateur doit maîtriser. Pour terminer par les démarches d’identification : détails à observer, clé de détermination, sans oublier, important, le biotope de proximité et les caractéristiques du sol. - Donc si on ne veut pas faire de fausse note, dis-je, il faudrait aussi une clé de sol. Plus loin, enfin, on a bien fait 5 m… on est déjà à la nième identification. Alain décrète : Collybie du chêne ; et il rassure : même s’il y a un hêtre à côté. Je constate : il se dé …chaîne !
Tony nous a détaillé les mesures agro-environnementales concernant les prairies naturelles à haute valeur biologique dans la vallée de la Lienne. Avec l’interdiction de faucher et de pâturer avant le 1 juillet. Cette année, conditions de sécheresse et manque d’herbe, la mesure a été partiellement adaptée. Serge fait remarquer : Mais maintenant qu’il pleut, ça va tomber… à l’eau !
A la sortie du vallon de la Follerie, nous découvrons les quelques maisons du hameau que je nomme malencontreusement « Forêt ». Jean, qui a vu la plaque indicatrice, me signale discrètement mon erreur et je rectifie sur-le-champ « Florêt ». Eric ne manque pas : Forêt ou Florêt, « faurait » savoir…. On arrive au sommet de la grimpette qui de la route de la Lienne nous ramène par la forêt (et ça c’est exact !), au pied du château de Bra et à la salle du village. On pense déjà aux douceurs de la tradition de fin d’année qui nous attendent. Le ciel est bleu même si le fond de l’air est vivifiant ! Rien que des bonnes raisons d’être de bonne humeur. Mon gsm se réveille : Ghislain et son équipe restés à la salle pour les préparatifs projection-vin chaud-mirous s’inquiètent : Où en êtes-vous ? Peut-on chauffer le vin ? Je précise que nous sommes en vue de la chapelle des Achlîres et que donc nous arrivons illico-presto. A ce moment, on entend le vrombissement de l’hélicoptère du centre médical héliporté qui décolle. Eric rectifie : Non pas illico presto… hélico presto !
Nous visitons les grottes dans la Montagne aux Jésuites. Lanterne à la main, le guide néerlandais, parfait bilingue, précède la quinzaine de trientalistes ; François Magnus, ferme la marche avec, lui aussi, une lanterne. C’est un véritable dédale : de grottes en détours, on se demande où l’on est. En Belgique ou en Hollande : imaginez, 40 m sous terre, 18 km de galeries sur 25 ha. Sans lanterne, ce serait le noir absolu. Les décorations sont époustouflantes. Photos, on s’attarde, on rattrape… Le guide nous prévient : Suivez, svp, car pour retrouver le chemin… Et Ghislain, réaliste : - Si le guide fait un malaise, c’est nous qui serons mal !…
Pique-nique dans une pelouse calcicole. Plein soleil : on cherche l’ombre de quelques buissons. Nous dominons la vallée et la vue plonge sur l’ancien méandre de la Lesse. On détaille la variété botanique, on écoute le chant des fauvettes. En contrebas, un Pipit des arbres nous offre une démonstration de « saut en parachute ». On admire. Et Willy : - Celui-là, c’est le seul parachute doré que j’apprécie !
« Colcravaté » au retour d’une cérémonie qui justifiait un telle tenue vestimentaire, je retrouve les valeureux participants de la balade qui en finissent avec la rude montée de la vallée de l’Aisne vers le hameau de Lafosse. La fatigue est vite oubliée quand Mady et Luc, les guides du jour, proposent de terminer la journée dans leur coquette maison de campagne. Rafraîchissements de tous ordres, gâteaux, biscuits, que demander de plus. Et les commentaires s’animent. Des questions jaillissent. Les traces de castor, le nid de l’écureuil. Et cet amas gélatineux, translucide déposé sur l’herbe au bord du ruisseau… Oeufs de batraciens ? Non. Pelote de réjection ?... Nicole : Ah ! Oui, je sais, attendez, ça va me revenir… On cherche avec elle… On fait semblant, du moins ! Il faudrait un livre. Pas de problème, nos hôtes ont bien préparé la journée : cartes Ferraris, livre sur les moulins de la vallée de l’Aisne, Guides Delachaux dont le Guide des traces d’animaux que Nicole feuillette dans un sens puis dans l’autre. On commence à douter quand elle s’écrie : - Voilà. Oviductes ! On reste pantois devant son érudition. Oviducte : ovum : œuf et ductum : conduit. Evident, me direz-vous, et pas seulement pour les latinistes. Mais encore : situé entre l’ovaire et le cloaque, conduit, chez les animaux, par lequel l’ovule quitte l’ovaire et est poussé jusqu’à l’orifice de ponte. Maintenant, on sait pourquoi le prédateur (la buse souvent, le putois ou la loutre parfois), rejette les oviductes des Amphibiens qu’il capture. Merci Nicole.
Eric a insisté : Si, si, celle-la tu dois la mettre dans le carnet… J’obtempère donc ! Nous sommes sur le site de la carrière de marbre rouge. Nos guides nous emmènent dans l’ancien bâtiment industriel, aujourd’hui quelque peu en ruines ; même si sa cheminée en briques perfore la frondaison pour défier les nuages. Une grande salle, des gravats, des courants d’air : Gérard et Michel expliquent la fonction de l’édifice dans les différentes opérations d’extraction des blocs de marbre. Ils nous incitent à la prudence car des trous dans le plancher pourraient nous précipiter au sous-sol. De plus, de petits rectangles de papiers blancs s’entassent dans les coins, ayant servi à une urgence qu’un brin d’imagination vous permet de deviner. Il s’agit donc de regarder deux fois plutôt qu’une où l’on pose le pied. Et je pense tout haut : Nous sommes en fait dans la salle des « pets » perdus !
On essaie d’identifier et de compter les passages migratoires. Et Grégory complète par des commentaires éthologiques. Quelqu’un demande ce que fait l’hirondelle quand elle frôle l’eau et même la touche. Le guide répond qu’elle boit et ajoute que le ganga fait encore mieux puisque lui, il se mouille les plumes pour ramener de l’eau aux jeunes qui peuvent ainsi se désaltérer. Le ganga peut transporter jusqu’à ¼ de l. d’eau. Ghislain conclut : c’est en quelque sorte un oiseau canadair !
Nous sommes sur le site minier où furent entreposés les déchets de minerais stériles. On recherche les plantes résistant à la toxicité des métaux lourds. Gilbert nous explique les moyens utilisés par ces plantes. Il nous raconte aussi que des enfants du village, peu respectueux des interdits parentaux, venaient patauger dans les creux où l’eau stagnait. Façon de meubler leurs moments de loisirs à une époque où PSP, GSM et autre baladeur n’existaient pas. Bizarrement, on constata chez ces enfants que la cicatrisation de leurs petits bobos se faisait plus rapidement que chez les autres. Et l’on se demanda si ce n’était pas un effet du soufre résiduel, nous dit notre guide. J’ajoute : En quelque sorte, ils souffr…aient moins !
Balade dans la fagne de Cléfaye Vu le nombre trop élevé des participants pour la partie de l’itinéraire en zone C, le groupe s’est scindé ; quelques dames et… Willy suivent donc un chemin plus direct et arrivent au pique-nique avant le gros de la troupe. Elles s’affalent sur des troncs d’épicéas dangereusement branlants. Et arrive ce qui doit : un tronc bascule et nos dames se retrouvent dans une position assez inconfortable qui pousse Willy à tourner « prudement » la tête. Il faut savoir que Willy ne s’assied jamais au pique-nique ! A notre arrivée, je m’enquiers des conséquences de l’incident qui eut pu être grave. Pas de problème mais il a tout de même fallu s’occuper d’Hélène et de son éraflure quelque part dans le bas du dos. Je ne puis m’empêcher de souffler : - C’est juste au-dessus du sot-l’y-laisse… (Mmm’enfin !)
On se faufile entre les touradons de molinie encore chargés de rosée. Anne, qui se souvient sans doute de l’épisode de la botte à Odeigne, observe avec envie la démarche insouciante de Ghislain qui snobe l’humidité. - C’est bien pratique ce que tu as mis au-dessus de tes chaussures, c’est mieux que des bottes. Et ça protège bien le pantalon ? C’est quoi, ça s’appelle comment, s’enquiert Anne. Des guêpières ? - Ah ! Non, dit Ghislain, ça s’appelle des guêtres ? C’est moins érotique !
Il fait chaud, très chaud même. On se complaît à rester à l’ombre du sous-bois ou d’une haie hospitalière où les commentaires se prolongent volontiers. Et devant un sureau abondamment équipé de grappes noires de fruits qui paraissent juteux, chacun y va de sa recette de sirop et confiture… Il reste à Renée, la guide du jour, à faire remonter à la surface les souvenirs d’enfance. Elle raconte : on prenait un rameau de sureau que l’on évidait savamment de sa moelle pour en faire une sorte de pipeau d’où l’on s’efforçait d’extraire quelques sons mélodieux. Quelqu’un dans le groupe susurre : Et quand ça ne marchait pas, on disait « Flûte alors ! »
Après la visite de l’église, Jean le guide du jour nous emmène à la découverte des vieilles pierres tombales du cimetière. Walter fait remarquer : Aujourd’hui c’est une balade nature morte ! Ce qui me rappelle un autre de ses bons mots au cimetière de Montzen où j’avais lancé : C’est un cimetière trois étoiles, Walter se hâtant de rectifier : Non, trois tibias !!!
Eric nous fait la preuve par neuf du rôle joué par le geai dans la réimplantation du chêne après la dernière période glaciaire. La rapidité de la recolonisation à partir de l’Espagne vers le nord suppose l’intervention d’un agent extérieur dans la propagation des glands. Le geai ! Lui qui est capable de transporter 8 glands à la fois (au total 4.6OO sur une saison) et de retrouver la plupart de ses cachettes. Quelqu’un demande : - Et les glands non retrouvés, que deviennent-ils ? Du tac au tac, Jean : - Ben voyons, ils glandent… Un des sujets de cette balade particulièrement fouillée : les galles. Une feuille aux bords légèrement enroulés, Eric nous explique qu’il s’agit du travail d’un acarien Acalytus senatus. Quelqu’un demande : - Pourquoi fait-il cela ? Tony : - Pour se les rouler !
Lancé dans des explications de sylviculture, notre guide du DNF, Jean Mathieu, explique que les forêts de la région ont souffert de la mitraille lors de l’offensive de 44. Avec comme conséquence une dépréciation certaine et donc une perte de valeur des vieux arbres qui recèlent souvent des éclats de métaux. Réflexion de Joseph : - Il y a bien du béton armé, ici c’est du bois armé ! Nous sommes dans l’identification parfois ardue des résineux. Mélèze du Japon ou d’Europe. Notre guide nous donne un moyen aisé : voir la couleur de la brindille (rouge ou plus claire). Quelqu’un avance : - Et en regardant les cônes… - Oui mais on ne sait pas toujours en avoir, fait remarquer Jean Mathieu. Jean Goyers, lucide : - Avec les cônes, on pourrait… « déconner » !
On descend un chemin forestier qui nous amène à un ruisseau assez bien nanti. Pas de pont si ce n’est un tronc humide et pourrissant. Ou un gué qui n’en est pas tout à fait un. Tant pis pour les chaussures basse tige. Tige ? Au fait on est bien dans le Condroz… Anne en tennis blanches est perplexe. La surface arrondie du tronc ? Piégeuse ! Deux grosses pierres moussues. Hésitation ! Eric propose son dos et ses épaules robustes ; le groupe acquiesce, encourage. Anne est d’autant moins convaincue et, craignant sans doute un piège, elle se lance dans une traversée sautillante et audacieuse. Aidée tout de même par le bras solide d’Eric ! Censure des commentaires qui suivirent… Pause de midi. Nous sommes assis alignés sagement sur le tronc impressionnant d’un hêtre 3e âge. Au fond de son sac à dos, Gene retrouve un foulard qu’elle fait mine d’enrouler à la musulmane. Puis elle ajoute que c’est aussi utile en cas de mal de gorge. J’en profite pour rappeler, souvenir d’enfance, ce remède de grand-mère plus efficace : une chaussette, ayant déjà bien servi et qui, surtout, n’est pas passée à la lessive. Gene : - Pourquoi doit-elle avoir servi ? Tony : - Pour les huiles essentielles, voyons… Et on est en plein pique-nique !
Outre la région, on découvre les fruits d’automne. Akène, drupe, samare, gousse, capsule, faux fruit ; déhiscent, indéhiscent... Marie-Andrée maîtrise son sujet. Avec elle, nous voguons de conceptacle en réceptacle, en passant par carpelle, ovaire infère et ovaire supère. Et je risque : en fait l’ovaire est dans le fruit !
Georgette, notre guide a bien préparé son sujet : l’histoire de la région et ses péripéties depuis des temps immémoriaux n’ont plus de secret pour elle. Le folklore local, les richesses architecturales, tout y passe avec force détails qui n’ont de concurrence que les averses qui se succèdent avec une belle régularité. Dans la narration des rivalités villageoises qui jadis agrémentaient le quotidien, Georgette s’enthousiasme : "Les manants de Sart ne le voyaient pas de cette oreille-là". Jolie prouesse physique relevée par Eric, toujours attentif… Devant une ancienne bâtisse, autrefois une ferme, elle nous explique la disposition et l’affectation des pièces, constatant que l’étable était accolée au corps de logis, notamment pour profiter de la chaleur du bétail. Ghislain en conclut : En quelque sorte, nos ancêtres avaient déjà le "chaud vache central !"
Après le pique-nique au château de Mévius en bordure de la Semois, nous arrivons dans un petit hameau non loin du rocher au corbeau et son point de vue majestueux sur la vallée. Notre itinéraire franchit un passage à niveau où, apparemment les trains ne se bousculent pas, pense-t-on. Certains s’attardent. Oreille collée au rail, Jean se prosterne dans l’attitude d’un Sioux expérimenté. Pile à ce moment, la sonnerie retentit et provoque un remue-ménage spectaculaire qui précipite tout le monde à 10 m des barrières qui s’abaissent. Le train passe. Willy, goguenard : - Dites les amis, vous savez que vous aviez juste 7 secondes pour évacuer.
Comme d’habitude lors des balades dans ce coin, nous nous retrouvons à la Ferme Libert pour la conclusion traditionnelle. On attend le garçon… Gagnons du temps : on consulte la carte des boissons, à l’endroit, à l’envers. Tiens, il y a aussi des gaufres aux airelles (clin d’œil à Gene). On papote, on se répète, on patiente… Le garçon se pointe, enfin. Les commandes fusent à un rythme soutenu. C’est que l’on voudrait déjà être servi… Arrive le tour de Nicole : - Ah ! C’est à moi. Oui… (Elle réfléchit) : un jus pomme/orange. Garçon interloqué : - C’est que… - Ben oui ! Index convaincant à l’appui : C’est sur la carte ! Un peu embarrassé, le garçon : - Oui, mais c’est… l’un ou l’autre. Au milieu de quelques (sou)rires non dissimulés, Jean risque : - Et dire qu’elle a eu une heure pour y réfléchir ! Rassure-toi, Nicole : à Florenville, là, jus pomme/cerise, les deux en un, cela existe.
Petite halte à Spineux où Henri nous conte la tragédie de Jean Mâlheur. On écoute attentivement tout en suivant les circonvolutions d’un Milan royal. A proximité d’une maison au beau milieu de la pelouse, un imposant canon de la dernière guerre dans un état presque neuf. Pointé vers la vallée, on dirait qu’il attend l’ordre de tir. Pour peu on en frissonnerait. Quelqu’un dans le groupe : « C’est peut-être pour accueillir le contrôleur des contributions… »
Il semble que les balades mycologiques produisent un effet hallucinogène sournois qui stimule les neurones des participants. On s’interroge devant une mignonne Helvelle. - Caractéristique, nous dit Alain, un sac avec 8 spores. Je ne puis m’empêcher : - C’est un « sac de sport » ! Réponse d’Alain : - « Asque » y paraît ! Une touffe de calocères visqueuses. Nos guides précisent : saprophytes. Je fais remarquer : d’accord mais il en faut beaucoup pour que « ça profite »… Une russule qui s’avère Fellea, d’autant que Gene en teste la saveur. - Goûte, me dit-elle. Je réponds : - Je ne suis pas assez « fêlé là » pour goûter ! Un tout beau polypore sur bois de bouleau mort : Pycnoporus cinnabarinus, précisent nos guides. Michel renchérit : et maintenant c’est l’heure de « picniquus » ! Une jolie russule d’un beau rouge, mais récalcitrante à l’identification. Alain se lance dans une théorie : des russules rouges, il en existe plusieurs espèces ; il faudrait goûter si elle est âcre ou douce et encore ... - Emétique, risque quelqu’un ? Jean conclut : - En fait, celle-ci est plutôt « hermétique » ! Comme d’habitude, Alain a fait l’impasse du pique-nique de midi. Vers quinze heures, bon prince, William (Ferard) lui propose un coup de café : il lui passe son thermos où il reste un fond, mais alors là, juste un fond de café ! Alain constate : l’café « sfé rare » ! Après la balade, on se désaltère en terrasse. Quelqu’un lance : -Je viens de voir passer Vincent. - Vincent qui, demande-t-on ? Alain, opportuniste, derrière sa bière-pression : - 20 cl… Et, sur sa lancée, il fait remarquer à Gene qui n’a pas résisté à l’appel de la gaufre (même sans airelles…) : - Avec tous les trous que tu avales, tu vas faire de l’aérophagie !
Il est question du prochain carnet trimestriel. Comme chaque année, on souhaite qu’il soit prêt pour la rencontre de fin d’année à Bra. Je consulte Ghislain : si je t’envoie les textes pour le 25 novembre, le délai sera suffisant pour faire la mise en pages ? Ghislain, qui apprécie le cake maison de Nicole, répond, la bouche quelque peu encombrée : ça devrait aller, je mettrai… les bouchées doubles !
Grégory nous explique l’importance du ver de terre et l’intérêt que les oiseaux lui portent. Il interroge son auditoire : Pourquoi ? On reste muet ou presque. Quelqu’un risque : Parce qu’il n’a pas d’os. Ghislain plus perspicace : il n’a pas de pattes donc il ne sait pas s’enfuir en courant ! On parle du pigeon voyageur qui vient d’être vendu pour 320.000 euros à un Chinois. Jean-Paul : Finalement c’est le Chinois qui est pigeon… Grégory explique la raison du vol du Saint-Esprit chez le faucon crécerelle. Quelqu’un : Normal on vient d’avoir la Pentecôte !
Journée splendide, plein soleil, une t° qui excuserait le farniente. Et pourtant on se démène ferme et le travail avance à un train tel que les vaches du pré voisin s’arrêtent de brouter, curieuses. La parcelle où il faut ratisser le foin est pentue ; les râteaux s’agitent et les tas prennent de la hauteur, aux emplacements indiqués (après mûre réflexion !) par Fred et Denis, les chefs de chantier. Mais voilà, sous l’herbe fauchée, traînent des débris d’épicéas qu’il faut maintenant rassembler et entasser. Où ? Ici, non là, ou plutôt… On attend la décision. Quelqu’un lance : Vous n’allez pas en faire tout un foin !
Matinée consacrée au ratissage du foin. Au pique-nique, Serge débouche une bouteille et fait le tour des gobelets. Willy scrute l’étiquette et constate : c’est un vin de circonstance. En effet de Rasteau à râteau…
Grégory nous explique que les oiseaux ont un cerveau en deux hémisphères indépendants, ce qui leur permet d’ouvrir un œil 6 secondes pendant que l’autre partie du cerveau peut se consacrer à une autre tâche. Et Geneviève de susurrer : « C’est pour cela qu’on dit que la femme a une cervelle d’oiseau… Preuve d’une évolution supérieure puisqu’elle peut se consacrer à deux choses en même temps ! » Laissons-lui la maternité de cette interprétation !
Au milieu du plan d’eau, une structure métallique abandonnée sert de perchoir à quelques cormorans qui trônent, toutes ailes dehors, au généreux soleil d’hiver. Un peu en retrait, un héron se fait discret. Les ailes pendantes, la tête lourde d’humilité et le cou renfrogné, il fait peine à voir dans cette attitude de poule mouillée. Ghislain y va de son commentaire : «Il a la tête de quelqu’un qui a perdu sa quinzaine ! »
Lors de différentes activités à travers la Wallonie, Willy Chevalier a entendu plusieurs fois le mot « naye ». Il a questionné à ce sujet un passionné de ce genre de problème, Jean Van Brussel, qui après avoir consulté toute sa documentation apporte les informations suivantes : J. Haust : Dictionnaire liégeois : naye altéré du français laie 1. Terme rural : laie étroite ménagée dans un bois 2. En certains endroits : limite d’une coupe de bois 3. A Sprimont : coupe-feu Aussi : terme de batellerie (plaquette de métal pour radouber) de l’ancien français « naie » A.Carnoy : Origines des noms de communes Naye (Dép. Stoumont) : forme wallonne du français « laie » = sentier étroit à travers bois, coupe-feu On trouve « nayon » à Bovigny (du français « layon) ; la forme néerlandaise correspondante = « laai » comme Beverlaai à Courtrai. NB : Raphaël Thunus nous signale que le terme « naye » désigne le sentier dégagé en forêt par les chasseurs pour tracer, lors de battues, une ligne de tir qui ne suit pas un chemin. Qui dit mieux ? Gabriel Ney
Jean Van Brussel, qui après avoir consulté toute sa documentation apporte les informations suivantes: Bauge: trou naturel ou aménagé par ses soins, où il passe ses jounées; toujours sèche et protégée de l'humidité; abritée du vent et du soleil; parfois sommairement aménagée de feuilles, mousses, fougère, bruyères. Souille: (souillard) = lieu où il se vautre: mares, ornières pleine d'eau, étangs; parfois bien cachées; recherche eau vaseuse beaucoup plus que l'eau claire; pour recouvrir le corps de vase; même en hiver. Coulée: bien tenue en canton calme, surtout près des souillards. Boutis: coups de boutoirs visibles dans les champs quand il fouille le sol à la recherche de vers, insectes, racines. vermillis = boutis de surface à peine profonds. J. HAUST: vermiller = fougnî emplacement fouillé = fougneûre, fougnie bauge = bädje
On est en arrêt devant un massif de fougères. Plusieurs espèces différentes : fougère des montagnes, fougère femelle, fougère aigle… et un Dryopteris. Oui, mais lequel des deux ? On s’affaire, on scrute les écailles du pétiole. Gisèle tranche : Dryopteris dilatata. Quelqu’un dans le groupe demande : Et l’autre Dryopteris, c’est comment ? Je ne puis m’empêcher : Dryopteris di’l à tonton !
VARON : du latin « varus » = pustule. On écrit aussi varron Nom donné communément aux larves des diptères Hypoderma bovis et Hypoderma lineatum qui provoquent la maladie du varon ou hypodermose bovine. Ces mouches pondent sur les poils des bovins ; les œufs éclosent et pénètrent dans la peau. Les « asticots » migrent dans le tissu conjonctif jusqu’au tissu sous-cutané dorsal où ils séjournent, y provoquant des abcès (parfois plusieurs dizaines par animal) et rendant la peau impropre à l’exploitation en tannerie. Cette maladie aurait aussi des conséquences néfastes sur la production laitière et la croissance de l’animal, ce qui a justifié une campagne d’éradication par des produits toxiques. Certains ont établi une relation entre cette campagne et l’apparition de la « vache folle ». En wallon, on désignait ces larves par le terme « waraba ». G. Ney
Balade du samedi à Romerée. On batifole dans la flore des bords de chemins. Une vesce. Bernard, infaillible : vesce cultivée (pour les puristes Vicia sativa). Et devant notre perplexité, il ajoute la caractéristique à vérifier : la vesce cultivée présente des taches noires, en fait des nectaires, sur les stipules aux aisselles des feuilles. Donc, pour les voir, je retourne ma… vesce ! Dimanche sur les hauteurs de Givet, on admire la boucle de Meuse. Et on perçoit le chant du coucou dont Bernard explique le comportement peu édifiant pour perpétuer sa race. Vous le savez, la femelle coucou dépose un œuf dans un nid de petit passereau soigneusement choisi ; à peine sorti de sa coquille, le jeune coucou s’empresse de faire place nette en éjectant ses co-habitants. Walter remarque : Honni soit qui mal y pense ! Je m’empresse de corriger : Au nid soit qui mal y pense ! On prospecte la botanique d’une pelouse calcaire réchauffée par un soleil vaillant qui embaume l’air de senteurs variées. Walter signale : Ça sent le thym. J’embraie en wallon : Oui mais nin to’l tin (pas tout le temps). Bourrelets au bord de feuilles de fusain. Bernard se lance dans une parenthèse « gale » : plante hôte, rôle de l’insecte, processus de développement… Walter remarque judicieusement : C’est sûrement un insecte qui a la frin…gale ! Dans la RN du Mont d’Haurs, une néottie en sous-bois. Bernard nous explique qu’à la chaleur d’une flamme, la néottie reverdit comme si elle ravivait la chlorophylle. On trouve une allumette, une deuxième et ça marche. Eric précise : Ça dépend de la marque de l’allumette, ici ça « Match» !
* Nous sommes au Tienne Breumont. Au loin, la Montagne aux Buis. Bernard explique la géologie et la formation du paysage. Un ancien récif corallien… En contrebas, il y a deux ou trois cahutes délabrées… - Récif corallien, normal, puisqu’il y a de la tôle autour !
* Nerprun, fusain, cornouiller mâle… On étudie la variété arbustive. Tran : Pourquoi « mâle », quel rapport ? Bernard : Parce qu’il n’y a aucun rapport… Eric : Mâle, tout simplement parce que c’est un bel arbuste !
* Bernard compare lotier, hippocrépide et anthyllide vulnéraire. - A Kinshasa, l’anthyllide est très appréciée contre le vieillissement de la peau. On se regarde, perplexes… Imitant l’accent Afrique noire, il répète : - Anthyllide… « Antirides » ! Mon franc tombe !
* La drache. Nous dévalons à grandes enjambées le sentier forestier d’un vallon sec (bof !) qui nous ramène à la vallée de la Jonquière et à la grotte Notre-Dame où nos voitures nous attendent. Peine perdue ; sous le feuillage, il pleut deux fois plutôt qu’une. Même sous les capes, ça dégouline d’autant que la plupart, optimistes, sont en t-shirt ou chemise légère. Pas de problème, la grotte offre aux dames le gîte pour passer des vêtements secs en toute discrétion. Et on pique-nique sous un chaud soleil revenu. Eparpillés sur les portières ouvertes et sur les toits des voitures, nos vêtements fument. Je risque : C’est vexant d’être trempés comme des soupes et de manger son pain…sec. Bernard : Si vous voulez j’ai… du jus de chaussettes !
Bord de chemin, la julienne des dames dresse fièrement ses grappes florales. Avec un sourire significatif, Tong demande à Bernard : Et en chinois, c’est comment ? Du tac au tac, Bernard, répond quelque chose comme : Taï tan tun ! Tong : Tu n’as pas l’accent chinois ! Plus tard, Anne, son épouse, me confiera que pour avoir l’accent chinois, il faut aller chercher les syllabes au fond de la gorge et les faire remonter jusqu ‘au nez… Ben voyons !